LE MONDE | 21.10.08 |

Critique
"Un conte d'été polonais" :
la foi irréductible d'un enfant


Une scène du film polonais d'Andrzej Jakimowski, "Un conte d'été polonais" ("Sztuczki").

Montrer que la vie peut être belle, même dans une province grise. Prouver que le cinéma polonais n'est pas entièrement condamné à filmer des gens désespérés. Le jeune cinéaste Andrzej Jakimowski met ses principes en application dans ce film qui reçut le Label du meilleur film européen à la Mostra de Venise 2007. Elevé par une mère épicière avec sa sœur aînée dont il surveille les fréquentations, un gamin de 10 ans rêve du retour de son père "kidnappé par une femme". A force d'observer un voyageur repéré sur le quai de la gare locale, il se persuade que c'est l'homme dont il attend la réapparition prodigue. Le gamin est persuadé qu'il peut jouer avec le destin, empêcher l'inconnu de reprendre son train, le mener comme par hasard à la demeure familiale. Elégamment éclairé, nimbé d'une lumière dorée, le film célèbre la foi irréductible d'un enfant, adepte des paris, et qui use de "trucs" irrationnels : semer des pièces de monnaie sur les rails, utiliser des soldats de plomb comme porte-bonheur, claquer des doigts... Le film célèbre le goût de la vie, croquer une pastèque, voir de jeunes filles se baigner dans la rivière. Un certain charme opère.
Jean-Luc Douin
Film polonais d'Andrzej Jakimowski. (1 h 32.)

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