Télérama MERCREDI 22 OCTOBRE 2008


STEFEK (DAMIAN UL), JEUNE ENCHANTEUR DE SON MONDE BIEN FADE.

UN CONTE D'ÉTÉ POLONAIS
D'ANDRZEJ JAKIMOWSKI
Une petite main pose délicatement un soldat de plomb entre deux rails. S'il tombe, tout est fichu. Un train passe : gagné ! Le jouet se dresse toujours, à peine chancelant, sur sa traverse de bois. Telle est la magie légère qui imprègne ce Conte d'été..., deuxième film du réalisateur Andrzej Jakimowski. Dans une petite ville polonaise un peu lépreuse, mais poudrée de soleil, le jeune Stefek, 10 ans, joue à cache-cache avec la chance : tout seul près du chemin de fer, dans un jardin public, près des pigeons voyageurs, l'enfant tente d'enchanter son monde banal, voire un brin miteux, avec de minuscules bricolages poétiques, de petits paris quotidiens. C'est sa grande sœur Elka (Ewelina Walendziak, sorte de Scarlett Johansson locale) qui le lui a appris, fée sérieuse et gracile qui l'élève seule avec sa mère. Justement, Stefek croit reconnaître son père, parti depuis longtemps, sur le quai de la gare... Centré sur un malicieux blondinet, le jeune comédien Damian Ul, le film distille une tendresse limpide, un charme nonchalant, en équilibre entre la fable et la chronique du quotidien. Reviendra, reviendra pas ? La valse-hésitation du père de Stefek, guetté de loin par ses apprentis sorciers d'enfants, évoque en douceur le travail d'un Kieslowski sur le hasard et le destin, et Andrzej Jakimowski réussit un joli coup de dés. CECILE MURY

(Sztuczki). Polonais (1h32). Scénario : A. Jakimowski. Avec Damian Ul, Ewelina Walendziak, Rafal Guzniczak.